Êtes-vous content d’être défini comme le pape des pauvres ? », a demandé La Voz del Pueblo au pape François, qui a donné une interview à ce quotidien argentin, parue durant la Pentecôte.« Jésus est venu pour prêcher aux pauvres, si vous supprimez la pauvreté de l’Évangile on ne comprend plus rien », répond le pape, qui énumère les pires maux du monde aujourd’hui selon lui : « la pauvreté, la corruption, la traite des personnes ».
« Éliminer la pauvreté peut être considéré comme une utopie, mais ce sont les utopies qui nous permettent d’aller de l’avant et il serait bien triste qu’un jeune homme n’en ait pas », ajoute-t-il. À cet égard, il invite à garder trois points à l’esprit face aux problèmes de la vie : « La mémoire, la capacité de voir le présent, l’utopie tourné vers le futur ».
Le pape revient, dans l’entretien, sur l’importance de savoir pleurer. Il confie avoir lui-même pleuré en pensant aux « drames humains ». Il cite en particulier ce qui est en train de se passer pour « le peuple Rohingya » et le drame des « enfants malades ».« Quand je vois ces créatures – dit-il – je demande au Seigneur : « Pourquoi eux et pas moi ? ». Il précise cependant « ne pas pleurer publiquement ». « Deux fois j’ai été à la limite – confie-t-il – mais je me suis arrêté à temps » : « Une fois c’était concernant la persécution des chrétiens en Irak, en pensant aux enfants ».
Amateur de football, Jorge Bergoglio se dit pour autant révolté par les débordements provoqués par des supporteurs. Il évoque ce fléau tant en Argentine qu’en Italie. Il indique ne jamais regarder de match de football sur le petit écran.
« Je ne regarde jamais la télévision », avoue-t-il, fidèle à un vœu qu’il a prononcé à ce sujet en 1990. L’évêque de Rome dit qu’actuellement il ne lit que La Repubblica, quotidien italien réputé de gauche, le premier auquel il accorda une interview en octobre 2013. Il regrette que certaines de ses phrases soient sorties de leur contexte, donnant l’exemple où, au cours d’une visite pastorale à Ostie, il avait avoué se sentir « un peu malade ».
Au fil des réponses dans ce long entretien effectué dans sa résidence vaticane de Sainte-Marthe, Jorge Bergoglio reprend plusieurs thèmes déjà abordés dans d’autres interviews ou dans ses conférences de presse : le conclave de 2005, sa proximité avec les gens, avec les prisonniers, le protocole qui lui pèse et comment il tarde à ce « citadin dans l’âme » de ne pas pouvoir sortir dans la rue et « manger une bonne pizza ». Il raconte son quotidien : il se couche vers 21 heures et se lève à 4 heures, comme lui commande son horloge biologique.
« Comment aimeriez-vous que l’on se souvienne de vous ? », lui est-il posé en dernière question : « Comme une personne qui s’est engagée à faire le bien, je n’ai pas d’autres prétentions ».
Sébastien Maillard (avec Radio Vatican)